
Une journée avec la compagnie du Famace théâtre

S’il est seul sur scène pour interpréter son spectacle Ma première fois, Christophe Basclo est bien entouré sur le OFF d’Avignon. La compagnie varoise du Famace, dont il fait partie, joue un rôle essentiel pour l’artiste. Voici leur quotidien, un jour de spectacle.
Il est 8h30 ce mardi 10 juillet, Sandrine et Giovanni Iaquinti, les responsables de la compagnie du Famace, sont assis en terrasse d’un café rue de la République. Cigarette et thé pour la chef régie, double expresso pour le directeur, chacun sa méthode pour attaquer une journée déterminante. Pour la première fois, un artiste de la compagnie va se produire au festival OFF. Campé entre ses deux mentors, Christophe Basclo est déjà alerte, contraste avec le lent réveil de la ville et des clients aux tables voisines : «La nuit a été courte, j’ai eu du mal à trouver le sommeil à cause du stress, avoue-t-il. Mais c’est le jour J, l’adrénaline est là. J’ai hâte d’être sur scène».
Soudain des klaxons font sursauter la terrasse. Deux voitures se garent quelques mètres plus loin. À leur bord, Audrey, Isabella, Catherine, Eurydice, Agnès et Frédéric : tous sont venus depuis le Var encourager leur camarade du Famace. Chacun leur tour, ils gratifient Christophe Basclo d’une bourrade amicale : «On a la patate, prêts à attaquer quand tu veux», lance Audrey, 19 ans, la benjamine du groupe.
De l’art de tracter
Quelques minutes plus tard, la troupe se lève en direction du théâtre de l’Observance, où joue à 14h30 son poulain. Isabella, elle, ne perd pas de temps et donne une poignée de tracts et une affiche à un serveur : «N’hésitez pas à parler de lui, c’est sa première fois aujourd’hui au festival». Quelques gestes et l’affiche trône parmi la douzaine présente sur la façade de l’établissement.
9h, au théâtre de l’Observance, Christophe Basclo et ses compères sont équipés de tracts, affiches et panneaux. Et arborent des tee-shirts à l’effigie de la compagnie. La répartition des rôles commence : «Deux d’entre nous vont accrocher les affiches. Surtout rue Vernet, rue Raispail, rue de la République, il faut les placer sur les axes principaux autour du théâtre. Puis trois binômes aux tracts et on se rejoint tous vers 11h pour faire le plus de bruit possible».
Flyers à la main, Agnès et Eurydice interpellent les passants. «Il est grand, il est jeune et vous convie à un premier rendez-vous au théâtre de l’Observance. Il a juré de vous séduire, de rire et d’émotion». Peu après, trois promeneuses en quête d’un spectacle à voir ce jour, sourient en écoutant Agnès et Eurydice leur annoncer : «Vous aimez les entraîneurs de rugby parodiés, les karatékas poètes et les chouquettes ? Alors Christophe Basclo est fait pour vous».
11h, toute l’équipe est réunie rue de la République, voie la plus empruntée de l’intramuros. Après quelques postures immobiles dignes des Beatles sur un passage piéton, un speed dating grandeur nature est improvisé en pleine rue. Des curieux s’arrêtent, applaudissent pour certains, et s’enquièrent des horaires.
Des rues aux coulisses
12h, après plusieurs heures intenses, la pause repas est bienvenue pour l’équipe du Famace. Giovanni et Sandrine Iaquinti rejoignent en terrasse leurs jeunes comédiens après une matinée de repérage pour préparer la programmation de leur café-théâtre à Brignoles : «Nous avons notamment rencontré Gil Alma ce matin, il a peut-être une disponibilité pour fin octobre car il sera dans les Bouches-du-Rhône à ce moment-là. Avignon c’est un endroit idéal pour embellir sa programmation quand on est un lieu de spectacle permanent», souligne Sandrine Iaquinti.
Il est 13h, Christophe Basclo se rend au théâtre de l’Observance avec Sandrine et Giovanni Iaquinti pour une ultime répétition, ses compères du Famace retournent faire sa promotion dans les rues d’Avignon. À cette heure-là, le comédien Lionel O’Tann commence son show «Noir et Breton». Christophe Basclo, lui, rassemble le matériel dont il se servira et s’adonne à des exercices d’élocution en coulisses. Le stress monte, tout comme la température dans cette partie non climatisée de l’Observance où le mercure atteint 35 °C.
14h15, Lionel O’Tann vient de libérer la loge après son spectacle. Un dernier «bonne chance» de l’équipe du Famace et Christophe Basclo s’y engouffre. Sandrine Iaquinti est déjà installée en régie et finit de régler les éclairages. Giovanni, lui, installe les accessoires de scène puis fonce accueillir les spectateurs à l’entrée de la salle. Les autres membres du Famace sont déjà assis dans la salle pour certains, en coulisses pour les autres. 14h30 précises, le spectacle commence.
Euphorie et prospection
15h30, le rideau se baisse. Sous les applaudissements des spectateurs, Christophe Basclo regagne à vive allure sa loge. Il a 15 minutes avant de la libérer au comédien suivant, Geoffrey Bugnot. Son équipe nettoie la scène en un éclair et sort retrouver les spectateurs souhaitant échanger avec l’artiste. Ce dernier arrive quelques minutes plus tard pour échanger avec eux : «J’aime avoir des retours à chaud du public. Et quand il fait l’effort de rester pour discuter avec toi, c’est un plaisir et aussi un devoir de prendre le temps pour eux. Certains te remercient pour ta prestation, moi je les remercie d’avoir joué le jeu», affirme Christophe Basclo. Et après les spectateurs, c’est au tour de la presse de solliciter l’humoriste pendant quelques minutes.
Il est 16h30, Christophe Basclo et ses camarades du Famace savourent l’instant autour d’un verre sous les platanes d’une placette. Le matériel est rangé, les esprits sont légers. Une heure de détente suivie d’une nouvelle session de tractage dans l’intramuros en vue de la prochaine représentation. Giovanni et Sandrine Iaquinti achèvent eux la journée par une série de rendez-vous avec des directeurs artistiques et autres pros de l’événementiel. Certains d’entre eux assisteront à la prochaine de «Ma première fois», dans l’optique de programmer le spectacle chez eux.

