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Deux fois par jour en scène, les marathoniens du festival

Réussir un spectacle pendant trois semaines pour une première participation au OFF est déjà une belle performance. Tenir le même rythme en assurant deux pièces quotidiennes relève de l'admirable. De plus en plus de nouveaux venus dans le métier sont contraints de se démultiplier pour faire de leur festival une expérience rentable économiquement parlant. Comment tiennent-ils à ce rythme effréné, sans compter les séances de tractage et autres obligation ? Deux comédiens livrent leur témoignage.

Bruno Argence (à droite sur la photo) : une fine lame de comédien dans "Les 3 mousquetaires" et "Don Quichotte ou presque..."

"Comment je fais pour tenir avec deux spectacles par jour ? Si tu veux je te détaille ma journée type.

Pour bien la commencer, il me faut du café, beaucoup de café. On a ensuite dix minutes de vélo pour aller jusqu'au théâtre, ça donne un rythme dès le matin. La première pièce, "Les trois mousquetaires", commence à 10h15. Une demi-heure avant on attaque quelques exercices vocaux et on se met en tenue.

Puis à 11h45, une fois les loges libérées, j'enchaîne un encas et une mini sieste pour être à 13h avec mes partenaires en prévision de "Don Quichotte". Début du spectacle à 13h30, sortie du théâtre à 15h. Là c'est une bonne sieste car les spectacles sont assez exigeants. Puis en fin d'après-midi, c'est soit tractage ou balade le long du Rhône selon les jours : on n'envoie jamais toute l'équipe parader histoire d'avoir chacun notre tour un moment de repos. Le soir on essaye de rester sages, on évite de rester tard en ville même si c'est tentant de profiter de l'ambiance.

C'était quoi la question déjà ? Ah oui comment tenir trois semaines à ce rythme... Écris ceci pour ton article : la passion du théâtre me fait tellement vibrer au quotidien que j'en oublie la fatigue."

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A 18h35 il est metteur en scène, à 23h10 il est Francky O'right : Alexandre Pavlata, le survolté de la compagnie n°8

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"L'énergie c'est mon leitmotiv. Quand j'incarne Francky O'right sur scène, c'est un spectacle dynamique. Les gens viennent te voir à 23 heures, il ne doivent pas s'endormir ! C'est pourquoi ce show complètement barré fonctionne : jeter des clopes dans le public, faire tourner deux-trois canettes de bière et se balader le zgueg à l'air sur scène, tu ne peux pas te le permettre en pleine après-midi, même si nous avons testé deux séances inédites à 16 heures de mois-ci. La simple idée de devenir Francky chaque soir me rebooste. Quand tu sors à 21h30 d'une séance de travail et d'un bon repas avec l'équipe de Garden party, le premier réflexe serait de faire comme eux, aller te coucher. Mais j'aime beaucoup trop ce personnage, je peux me défouler en le jouant. Même si à la fin de la représentation, je suis cuit en général."

"Etre metteur en scène ne requiert pas d'effort pendant le spectacle puisque je reste dans mon fauteuil. Par contre tu dois prendre le temps de discuter avec le public après pour comprendre les critiques, repenser quelques réglages si besoin, aussi bien pour la régie que le jeu des acteurs.

Mon truc, de base, c'est le théâtre de rue, en lui collant des codes du cirque. Quand je confectionne une mise en scène, je laisse toujours la porte ouverte à de l'impro ou des éléments à rajouter. Il nous arrive du jour au lendemain de changer des choses. C'est ça être metteur en scène. Mais avec ce genre de boulot tu as mal au crâne, pas aux jambes."

"Sérieusement, je me garde beaucoup de temps calmes pendant les journées de festival. Sur scène je fais le con dans tous les sens, en tant que metteur en scène je cours partout, mais en dehors de tout ça j'ai besoin de repos. J'ai déjà 43 ans, tu le sens dans ton corps même si j'ai encore du temps pour m'éclater dans le théâtre. La recette miracle au OFF c'est eau fraîche et carottes râpées !"

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